FOCUS ON

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Promouvoir la santé au travail
C’est avec rigueur, empathie et goût pour l’innovation que Sabine Bossy exerce sa fonction de médecin au Service médical de l’ONU à Genève
2 Mar 2022

En quoi consiste votre métier ?

En tant que médecin, j’ai un vrai rôle en santé au travail, ce qui passe notamment par des évaluations et le contrôle des risques sur le poste de travail. J’assure le suivi des congés maladie. En cas d’absence de longue durée, je prépare un plan de retour au travail en collaboration avec le médecin traitant et le superviseur direct du fonctionnaire : retour graduel au travail, adaptation du poste de travail si nécessaire, afin que le fonctionnaire puisse reprendre le travail dans les meilleures conditions possibles. Si celui-ci est dans l’incapacité de revenir au travail, je présente un dossier de mise en invalidité au Comité UNSPC.

Je suis le médecin conseil lorsqu’il s’agit d’attribuer des compensations en cas d’accidents du travail ou de maladies professionnelles. J’établis des recommandations d’allocation spéciale enfant handicapé et allocations spéciales pour frais d’étude. Je collabore avec le bureau de la conseillère du personnel quand un fonctionnaire rencontre une situation difficile. Avec mes collègues médecins, je participe au tour d’astreinte téléphonique 24/7 pour les évacuations médicales des fonctionnaires sur le terrain. Enfin, je suis en contact permanent avec le service médical de New York pour la mise en place des procédures à Genève.

La pandémie a-t-elle modifié le rôle du service médical ?

La charge de travail a beaucoup augmenté pendant cette période. Nous avons d’emblée assuré le suivi des cas COVID et des cas contacts. Dès le retour au travail sur site demandé par l’administration, nous avons élaboré un questionnaire afin d’identifier les fonctionnaires susceptibles de développer une forme sévère de la maladie et mis en place des restrictions afin de les protéger. Nous avons évalué les postes de travail à risque. Nous avons proposé des mesures de protection spécifiques : marquage au sol pour le respect des distances, cloisonnement de certains espaces, rotation du personnel, etc.

En soutien à nos collègues de l’OMS, nous avons participé à la cellule Medical Coordination Unit (MCU) qui organise les évacuations médicales COVID du personnel sur le terrain, tout en étant d’astreinte téléphonique 24/7. Nous avons créé des documents, comme le COVID package, pour aider les fonctionnaires dans leur quotidien. Quand la vaccination fut disponible, nous avons travaillé avec l’administration sur le Pass sanitaire et la vaccination obligatoire pour certains groupes.

Nous effectuons des relevés statistiques des cas confirmés, des cas contacts et des fonctionnaires vaccinés. Nous sommes également référents techniques auprès de l’administration dans sa gestion de la crise, tout en respectant les décisions du pays hôte. J’en profite pour remercier toute l’équipe du service médical de l’ONUG qui, depuis le début de la pandémie, ne compte pas ses heures afin de répondre aux demandes des fonctionnaires et de l’administration.

Pourquoi avoir choisi de rejoinder les Nations Unies ?

J’ai débuté ma carrière en milieu hospitalier puis en libéral. En 2004, j’ai été recrutée sur un contrat à courte durée au BIT. La multiculturalité et la diversité des tâches, l’approche en santé au travail m’ont tout de suite plu et poussée à renouveler mon expérience au sein des organisations internationales. Après 6 années de travail au BIT et à l’OMC, j’ai intégré le service médical de l’ONUG en 2011. Au fil des années, mes fonctions au sein du service médical ont évolué et je suis de plus en plus impliquée dans la réflexion et la mise en place de nouvelles procédures ainsi que dans la gestion de cas médicaux complexes.

Quels changements aimeriez-vous voir afin que votre rôle ait encore plus d’impact ?

J’aimerais que l’on puisse avoir plus de flexibilité ou une autre approche dans l’application des règles. Comme je dois suivre le règlement, il m’arrive de prendre des décisions impopulaires. Lorsque je ne peux pas répondre favorablement aux demandes des fonctionnaires, j’essaie toujours de donner des conseils pour trouver la meilleure solution. J’ai participé à l’élaboration de la procédure du plan de retour au travail et œuvré à sa mise en place à Genève. Je souhaite que ce plan se développe encore plus et que les fonctionnaires le réclament lors de leur retour au travail après un congé maladie prolongé. J’aimerais mettre en place d’autres programmes de prévention et travailler sur la santé mentale et les risques psychosociaux.

Qu’est-ce qui vous permet de vous ressourcer ?

Le contact avec la nature. J’aime faire du sport. J’aime la montagne. Je fais beaucoup de ski. J’adore le ski de randonnée et les randonnées pédestres. Pour rester en forme, je pratique la course à pied et la gymnastique Pilates plusieurs fois par semaine. Pour me détendre, je jardine et joue du piano. Ma force, je la trouve en préservant un certain équilibre entre une vie professionnelle enrichissante et une vie personnelle bien remplie. J’aime voir mes enfants grandir et s’épanouir.

Quel message aimeriez-vous transmettre aux femmes qui travaillent aux Nations Unies ?

Tout est possible ! Certaines femmes dédient leur vie à leur carrière sur le terrain et j’admire leur courage. D’autres, avec des enfants, mènent leur carrière professionnelle avec brio. Je voudrais saluer toutes ces femmes et leur conseiller de prendre soin d’elle. Il est important de prendre du temps pour s’occuper de soi, même lorsqu’ on est une jeune maman. Vos enfants ressentiront votre bien être, ce qui sera bénéfique pour eux.

* Olivier Meyer est membre du Comité de rédaction de UN Today.
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