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Bienfaits thérapeutiques de la réalité virtuelle
UN Today a eu l'occasion de discuter avec la Dr Sarah De Cupis, Spécialiste FMH en Anesthésiologie et Médecine intensive à Genolier
8 Apr 2021

Se balader sur une plage, plonger dans les fonds sous-marins, s’embarquer vers un voyage astral histoire d’apaiser son anxiété ou d’apprivoiser ses douleurs, c’est ce que permettent les casques de réalité virtuelle que la Clinique de Genolier propose depuis peu à ses patients.

Pour la doctoresse, Sarah De Cupis, Spécialiste FMH en Anesthésiologie et Médecine intensive à Genolier, « Certains soins, comme l’administration d’une chimiothérapie ou un changement de pansement, peuvent être source d’anxiété, vécus comme désagréables, voire douloureux. Grâce au casque de réalité virtuelle, le patient ne se focalise pas sur le soin et «s’évade», ce qui permet une nette amélioration de son vécu et diminue le besoin d’antalgiques. »

Coupés du monde réel, plongés dans un univers fictif, hypnotique, bercés par des musiques inspirées de la musicothérapie, les patients réagissent plus lentement aux signaux de la douleur. Expérience complexe, la douleur mobilise différentes composantes sensorielles, cognitives, comportementales et psychologiques. La réalité virtuelle ayant la faculté d’agir directement sur la zone cérébrale où siègent les émotions, le cerveau marque une sorte de pause.

« Les casques de réalité virtuelle sont une alternative intéressante étant donné que pour aider nos patients nous ne pouvons pas faire appel à un hypnothérapeute en tout temps, de jour comme de nuit, poursuit la doctoresse De Cupis. A l’heure actuelle, il a été démontré que l’hypnose permet de diminuer efficacement la douleur et la détresse psychologique. Et bien que le recours au casque ne permette pas à certains patients d’atteindre un niveau d’hypnose complet, ils peuvent se relaxer et se détacher des soins douloureux qui leur sont prodigués. »

« Le casque de réalité virtuelle permet de prendre en charge nos patients de manière globale et d’avoir une autre réponse à l’inconfort psychologique, » précise Sarah de Cupis. La médecine actuelle est très pointue, très technique et parfois l’état émotionnel du patient est mis de côté car nous devons soigner et le soin est parfois mal vécu. L’introduction de ce dispositif nous permet de mieux concilier la prise en charge physique et psychologique sans avoir recours à des médicaments que certains patients ne souhaitent pas forcément ou dont les effets secondaires sont parfois trop importants pour des malades déjà affaiblis. »

Or, il est de plus en plus établi que le moral du patient, son état de stress ou l’étendue de sa fatigue occupent une place importante dans le processus de guérison. « Nous sommes toujours à la recherche d’outils pouvant améliorer le confort et le bien-être de nos patients lors de leur séjour au sein de notre établissement, déclare l’anesthésiste de Genolier.

Le casque virtuel constitue une aide ponctuelle dans l’arsenal dont nous disposons pour aider nos patients. Il ne remplace en aucun cas une prise en charge hypnothérapeutique ou psychologique dont l’approche est différente. En outre, il n’y a pas de contre-indication dès lors que le casque est correctement utilisé. »

Alternative ou un complément à des traitements médicamenteux, le casque virtuel offre beaucoup de flexibilité. « Ce dispositif peut être utilisé à n’importe quel moment dans la chambre du patient en situation de stress, en complément ou remplacement d’un anxiolytique, d’un antalgique ou d’un sédatif ou lors d’un soin inconfortable, précise la doctoresse De Cupis. Il peut aussi être proposé au bloc opératoire lors d’interventions effectuées sous anesthésie locale, en salle de réveil ou en soins intensifs dans le cadre de la prise en charge de la douleur post-opératoire. »

Il arrive qu’un patient ne supporte pas le casque de réalité virtuelle auquel cas la séance est
interrompue.

La Clinique de Genolier a établi des questionnaires de satisfaction. « Les retours sont très positifs, » conclut la doctoresse. « La plupart des personnes interrogées ont adhéré à ce nouveau dispositif. Chaque utilisateur trouve un bénéfice réel qui lui est propre. Le principal frein est la difficulté d’adaptation du casque pour des patients avec des troubles de la vue importants. Ces résultats étant vraiment encourageants, nous avons également décidé de proposer le casque à nos collaborateurs afin de permettre à ceux qui le souhaitent de se détendre pendant leur pause. »

* Muriel Scibilia-Fabre est auteure et ancienne fonctionnaire de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED).
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