Née il y a 5 000 ans, l’Ayurveda prend à la fois en compte le corps, les émotions et la dimension spirituelle. Elle décrit chaque être humain comme une réplique miniature des cinq éléments qui composent l’univers : l’air, le feu, l’eau, la terre et l’éther (l’espace). A travers ce prisme, il importe de repérer la constitution énergétique dominante d’une personne, son tempérament, appelé « Dosha ». L’Ayurveda distingue trois Doshas qui résument la constitution physique, mentale et spirituelle : les tempéraments de feu, nommés « Pitta », ceux d’eau et de terre (Kapha) et ceux d’air et éther (Vata).
L’énergie Pitta parcourt le foie, l’intestin grêle, le sang et les yeux et gère la digestion, l’assimilation et la température. Déséquilibrée, elle génère inflammation, colère et frustration. On trouve Kapha dans l’estomac, les poumons, la langue et le plasma. Elle régit la lubrification du corps, l’hydratation et le système immunitaire. En équilibre, elle incite à l’amour, à la douceur et au pardon. Vata gère les mouvements de l’organisme, les pulsations du cœur et la respiration. Elle loge surtout dans le côlon, le système nerveux, la peau, les oreilles et les os. En déséquilibre, elle crée de la peur et de l’anxiété.
Acquises avant la naissance, ces grandes forces vitales évoluent selon les cycles de la vie, les émotions, l’alimentation, le climat, l’heure ou les saisons. L’automne est Vata, l’été Pita, le printemps et l’hiver Kapha.
En observant le type physique et psychologique d’une personne, on peut savoir quel dosha domine. Les personnes minces et légères sont Vata. Celles pleines d’entrain, coléreuses et sujettes aux inflammations sont Pitta, et qui est charpenté et modéré est Kapha. Identifier son dosha dominant permet de repérer ses points faibles et de respecter sa nature.
Quand les doshas ne sont plus équilibrés, des dysfonctionnements et des maladies apparaissent. Pour rétablir la situation, le médecin dispose d’une palette de traitements qu’il adapte selon le tempérament du patient : alimentation, respiration, massages, chromothérapie (traitement par la couleur), litothérapie (les pierres), sons (mantras), visualisation des émotions et méditation.
Un traitement ayurvédique comporte plusieurs étapes :
• L’élimination des toxines via tous les orifices, dont la bouche, les oreilles et les yeux. Des régimes ad-hoc permettent d’y parvenir et de recouvrer le bien être en peu de jours.
• Un rééquilibrage des doshas à l’aide de massages à l’huile de sésame tiède, d’exercices de respiration, du yoga, de la méditation, de la musique, des chants et parfois du jeûne. Certains morceaux du Gandharva Véda, le système de musique le plus ancien au monde, sont réputés être un « baume pour le cœur et la santé ».
• Une tonification de l’organisme via la prise de tisanes et minéraux.
• L’élévation spirituelle par les incantations sacrées, les mantras, les dessins mystiques et des rituels hindouistes.
• On peut aussi faire des cures de purification (Panchakarma) sous suivi médical.
L’Ayurveda cette « science de la vie » prend sa source dans les textes sacrés de l’Inde antique, mais l’expérience montre combien elle est en phase avec les découvertes médicales récentes et répond aux besoins du monde moderne.
« Tu es ce que tu manges », dit la sagesse indienne. « Ton alimentation est ta première médecine », lui répondent en écho Hippocrate, fondateur grec il y a 25 siècles de la médecine occidentale, et la pléthore actuelle de publications qui dénoncent les effets négatifs des fastfoods. Les bienfaits de l’Ayurveda sont tels que l’essayer c’est l’adopter. Passée la « phase de décrassage » qui débarrasse des ballonnements, mauvaises haleines, constipation, voire d’états d’âme perturbés, on s’abandonne au plaisir des saveurs issues d’une tradition hédoniste sans pareille. Au-delà du contenu de l’assiette, manger est un rituel qui doit s’effectuer au calme dans un lieu agréable. Il importe de bien mastiquer et s’immerger dans la volupté des textures, saveurs, odeurs et couleurs de ce que l’on porte en bouche.
Tout en devant être adaptée à la physiologie de chacun, l’alimentation est régie par quelques principes de base. Ecouter son corps, ne manger que lorsqu’on a faim et en quantité correspondant à ses besoins. Choisir des aliments de qualité. Ménager son foie en oubliant les produits raffinés et transformés ou contenant des additifs. Faire le plein de vitamines, minéraux et antioxydants. Préférer aux conserves et plats cuisinés les céréales, les légumineuses, les fruits et légumes de saison, les graines germées, les oléagineux, le fromage frais, les yaourts nature et les huiles végétales de première pression à froid. Opter pour le bio. Réduire la consommation de viande, poissons et œufs. Ne pas réchauffer ni trop cuire ses aliments et bannir le micro-onde pour conserver les apports nutritionnels. Veiller à ce que chaque assiette comporte les six saveurs clé de la cuisine ayurvédique : astringent, acide, doux, amer, sucré et salé. Maîtriser le génie des épices : cumin, curcuma, coriandre, gingembre, piment, cannelle. Ne pas grignoter entre les repas. Finir par une tisane plutôt qu’un dessert ou café.
Autre clé de voute de cette médecine curative et préventive, les massages ou abhyanga. Ils rééquilibrent les doshas en rétablissant la circulation de l’énergie vitale (prana) perturbée par le stress, les maladies ou une mauvaise hygiène de vie. L’énergie circule à travers soixante-douze mille canaux et se concentre dans les sept principaux chakras, le long de la colonne vertébrale. Alimentés par l’énergie de tout le corps, ils la font circuler sur le principe des vases communicants. Les massages améliorent la circulation sanguine et lymphatique, tonifient et détendent les muscles, nourrissent les tissus, renforcent les défenses immunitaires, éliminent tensions et fatigue et permettent de se reconnecter avec ses sensations. Ils sont adaptés à la prédominance des doshas et des déséquilibres du client : lents et enveloppant pour Vata, plus rapides et profonds pour Pitta, à sec pour Kapha afin de stimuler le système lymphatique. Irrésistible !