3 QUESTIONS

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Le tourisme d’affaires contraint de se transformer
La Suisse mise sur la qualité de ses prestations pour ranimer le tourisme d’affaires mis à mal par la pandémie et l’essor du télétravail
1 Jul 2022

Le tourisme d’affaires a beaucoup souffert de la pandémie de coronavirus, est-il sur la voie du rétablissement ?

La pandémie a surtout affecté le secteur touristique des grandes villes suisses. A Genève, en 2020 et 2021, le taux d’occupation des chambres recensées était très bas, respectivement de 21 et 29 %, contre 65 % en 2019. Depuis l’automne 2021, le tourisme d’affaires se redresse, même si cette reprise prend du temps. Ainsi, le taux d’occupation des chambres à Genève était d’environ 36 % entre janvier et mars, avec une tendance à la hausse (taux d’occupation en mars : 49,9 %). Ce redressement devrait se poursuivre en 2022. Il faudra toutefois attendre encore longtemps avant de retrouver le niveau d’avant la pandémie. La Suisse conserve toutefois une forte attractivité, ne serait-ce que parce qu’elle compte de nombreux centres de recherche ou d’organisations faîtières telles que le Comité International Olympique (COI) ou la Fédération Internationale de Football Association (FIFA).

Le tourisme d’affaires risque-t-il d’être paralysé par les incertitudes et l’augmentation générale des prix que génère la guerre en Ukraine ? Peut-on craindre un déplacement vers des destinations dynamiques moins onéreuses que la Suisse ?

Pour le moment, l’impact de la guerre en Ukraine sur le tourisme d’affaires reste gérable. Mais il est clair qu’il sera très impacté si la guerre persiste et s’étend, si elle provoque une récession mondiale. A ce stade, il est très difficile de dire quelle est la probabilité d’un scénario aussi négatif.

S’agissant de l’augmentation des prix, c’est surtout le tourisme de foires et de congrès qui sont le plus touchés. Elle a moins d’incidence sur le tourisme d’affaires individuel. Dans le monde des affaires, dès lors qu’il s’agit de saisir de nouvelles opportunités, de « faire du business » ou d’élargir son réseau, la question du coût n’est pas un critère prioritaire. Quant à la tenue de congrès, de conférences et de foires, la Suisse a toujours été une destination chère. Le risque que les organisateurs préfèrent d’autres destinations n’est donc pas nouveau.

Pour conserver les clients malgré des prix élevés, nous devons davantage tabler sur la qualité exceptionnelle de notre offre qu’il s’agisse des infrastructures événementielles et hôtelières ou des services fournis par les prestataires. Notre valeur ajoutée, c’est la fiabilité, la sécurité, la durabilité et la propreté. Il n’est toutefois pas question de nous reposer sur nos lauriers. Nous devons prendre en compte les mutations sociétales. Ainsi, des centres de conférence et des hôtels transforment leurs salles de réunion en des espaces hybrides, mêlant présentiel et visio-conférence. Nous sommes aussi en train de développer une offre qui permet de multiplier les expériences. Ceux qui optent pour une participation en présentiel auront la possibilité de combiner travail et loisirs en découvrant des aspects de notre patrimoine naturel, culturel et gastronomique.

La Suisse s’est donnée comme objectif de devenir la destination la plus durable au plan mondial. Comment concilier le tourisme d’affaires et l’écologie ?

La pandémie a accéléré le remplacement de réunions d’affaires en présentiel par des réunions en ligne, ce qui a eu un effet positif sur la durabilité. Cette tendance qui devrait se poursuivre.

L’ambition de la Suisse de devenir la destination la plus durable au monde est un grand défi. Il s’agit de maintenir la Suisse là où elle se distingue déjà et de mettre en place des améliorations là où elle n’est pas encore en tête.

Pour un développement durable du tourisme d’affaires, il faut considérer toute la chaîne de services touristiques. Elle comprend la mobilité (arrivée et départ), l’hébergement et la restauration ainsi que les activités pratiquées pendant le voyage d’affaires. Il est utile et recommandé pour les entreprises touristiques de faire vérifier leurs propres offres par des fournisseurs ayant reçu le label de durabilité Swisstainable. Il s’agit d’un programme ouvert à toutes les entreprises et organisations du tourisme suisse qui sont engagées dans une gestion durable de leurs activités. Il vise à positionner la Suisse comme une destination de voyage durable. 

* Muriel Scibilia-Fabre est auteure et ancienne fonctionnaire de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED).
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