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© Laetitia Fabre

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La deuxième main, c’est du premier choix
5 Jul 2020

De nouveaux modes de consommation de la mode font du deuxième main une option moderne et engagée pour un shopping éthique sans modération.

Sous diverses formes et depuis plusieurs années déjà, les rangs de la résistance à la « fast fashion » [Fast fashion : segment de l’industrie vestimentaire qui se caractérise par le renouvellement très rapide des vêtements proposés à la vente à des prix toujours plus bas.] et à ses ravages humains et environnementaux grossissent et s’organisent. Si les grandes enseignes se prennent souvent les pieds dans le tapis du green washing, des solutions concrètes se sont multipliées avant même que les consciences ne s’éveillent. Une nouvelle manière de consommer éthique sans se priver de rien a vu le jour : les vide-dressings. Et Genève n’est pas en berne.

Exit les friperies « à l’ancienne » où s’entassent les vêtements poussiéreux rescapés des placards de nos aînés. Ces événements d’un nouveau genre ont le souci du détail. Pas question de fouiller accroupi dans une pile d’habits démodés. Les vêtements sont récoltés auprès de genevoises dont les armoires débordent et installés dans un lieu accessible au public. De la musique et des boissons sont proposées pour une ambiance décontractée. Une manière simple et conviviale de prolonger presque indéfiniment la durée de vie des vêtements qui sont d’autant mieux traités par leurs propriétaires successifs que pour être (re)vendus, ils doivent être en parfait état. Ce mode de shopping séduit et les vide-dressings se multiplient. A Genève, Mes Pulls Font La Manche, Dim Dress et Les Mondaines sont devenus des rendez-vous incontournables.

Actuelles ou vintages, les pièces sont toutes dans l’air du temps, sélectionnées et mise en scène avec soin. Ce sont de véritables boutiques éphémères qui ouvrent leurs portes à un public toujours plus éclectique. Cerise sur le chapeau, en achetant vos vêtements dans ce cadre, vous ne risquez pas de croiser quelqu’un portant la même robe le lendemain. La devise du deuxième main est claire : revaloriser les vêtements et permettre à chacun de porter des pièces tendances. Enfin affranchis des diktats de l’industrie textile, les vêtements parlent d’eux-mêmes : on aime, ou pas, ce petit haut en dentelle, cette jupe plissée ou ce manteau en laine. Ils n’étaient pas en vitrine, ni dans les publicités qu’on aura vues sans les voir ces dernières semaines. Ils sont juste là, attendant d’être adoptés à nouveau. Faire son shopping dans un vide-dressing, c’est se prendre au jeu d’une chasse au trésor : on ne sait jamais ce que l’on va trouver, et on ressort rarement les mains vides.

 

© Laetitia Fabre
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Si les vide-dressings ont le vent en poupe, c’est qu’ils permettent à tous d’y trouver son compte. On peut y dénicher la perle rare ou cumuler les bonnes affaires. Chez Les Mondaines vous irez chercher des vêtements de marque et découvrir une sélection de créateurs locaux. Chez Dim Dress, vous irez droit au but puisque les vêtements sont rangés par taille. Un vide dressing sans chichis : simple et efficace. Avec Mes Pulls Font La Manche, vous pourrez faire des emplettes en toute impunité jusqu’à minuit passé le samedi ou vous détendre dans une ambiance familiale le dimanche avec un service de garderie offert lors du brunch.

Quel que soit votre budget, votre style ou votre âge il y a de quoi faire des affaires. L’esprit léger, on peut tout se permettre. Même de renouveler son dressing sans rien acheter grâce aux trocs de Sipy ou aux services de location de vêtements. La Garde Robe vous permet de trouver la tenue de vos rêves pour tout type d’occasion et Les P’tits Louent propose différentes formules pour louer les vêtements des tout petits qui, c’est bien connu, deviennent vite trop grands pour leurs vêtements.

Voilà que la mode devient enfin « louable ». Troquer, louer ou acheter deuxième main c’est peut-être à la mode, mais c’est surtout un moyen de prolonger la vie des vêtements et de réduire ainsi leur impact écologique. Un moyen de protester face aux dégâts humains et environnementaux de l’industrie textile. Une alternative concrète, légère et accessible à la « fast fashion ». Sous toutes ses formes, les adeptes du « slow fashion » sont toujours plus nombreux. Ce nouveau mode de vie pourrait bien supplanter les phénomènes de mode dans un avenir proche.

Finalement, pourquoi acheter neuf alors qu’il existe plus de vêtements qu’on ne saurait en porter ? Pourquoi payer cher alors que le vrai coût de la mode n’est pas là où l’on pense ? L’essor du deuxième main semble répondre à tous les enjeux et ne se limite pas à une classe ou catégorie de personnes. Alors plus question de confondre deuxième main et deuxième choix.

* Laetitia Fabre est rédactrice indépendante, chef de projet et entrepreneur.
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