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Et si la jeunesse réinventait le multilatéralisme ?
Eva, Noa et Jérôme ont co-fondé Geneva Youth Call, un collectif d’étudiants ayant organisé la première Assemblée Mondiale pour la Jeunesse à Genève
1 Jun 2022

Le 20 avril dernier, le Palais des Nations a accueilli la première Assemblée Mondiale pour la Jeunesse, en présence de la directrice générale de l’ONU-Genève, Tatiana Valovaya. 185 jeunes, issus de 86 pays, se sont réunis afin d’entamer un dialogue constructif et imaginer des solutions concrètes. Cet évènement, soutenu par les Nations Unies, a été orchestré par le Geneva Youth Call, pour qui la jeunesse est un vecteur indispensable au renouveau du multilatéralisme.

Comment est né le Geneva Youth Call et quel est son impact ?

Noa Rakotoarijaonina : Notre initiative a débuté en février 2020, dans le cadre d’un cours de gestion de projet donné par Frédéric Esposito à l’Université de Genève. Nous avons ensuite remarqué lors de la Journée du multilatéralisme et de la diplomatie au service de la paix – le 24 avril – que bien que les jeunes soient souvent conviés à s’exprimer pour faire valoir leurs intérêts, aucun espace d’action ne leur est jamais proposé. Or, il n’est pas nécessaire d’attendre d’être plus âgé pour contribuer à changer le monde. Cela nous a donné envie de réunir la jeunesse et d’inciter d’autres personnes à s’investir concrètement en faveur du multilatéralisme. Nous avons donc lancé une plateforme en ligne, sur laquelle chacun peut proposer une idée pour que la société devienne plus équitable et plus durable.

Eva Luvisotto : En à peine 2 ans, nous avons obtenu des résultats significatifs, aux plans qualitatif et quantitatif. D’abord, nous avons reçu le précieux soutien des Nations Unies, de l’université de Genève et de la Fondation Kofi Annan. Ensuite, plus de 300 jeunes, issus de 86 pays, se sont inscrits pour participer à notre initiative et soumettre leurs suggestions en ligne. Chacun d’entre eux s’est engagé concrètement : c’est donc un premier pas très encourageant. Nous nous attelons désormais à la rédaction d’une Charte mondiale pour la jeunesse regroupant nos valeurs communes et des solutions concrètes imaginées lors de notre première assemblée, qui s’est tenue au Palais des Nations du 20 au 23 avril 2022.

Quelle est votre vision du multilatéralisme ?

Jérôme Lanci : Pour moi, le multilatéralisme est un principe fondateur des Nations Unies. Le défi est d’élargir sa signification pour que chaque partie de la population – y compris la jeunesse – puisse se l’approprier. Les jeunes sont souvent critiqués pour leur manque d’expertise et d’expérience. Mais nous avons des idées qui méritent d’être entendues ! Il est crucial de reconsidérer notre place dans le multilatéralisme, pour ne plus être cantonnés à un rôle de sensibilisation, mais aussi à des missions de travail sur les prochaines politiques publiques.

Eva Luvisotto : Exactement. Il est intéressant de s’interroger sur l’échelle à laquelle on se place pour coopérer : les Etats sont-ils les seuls à pouvoir négocier ensemble ? Ne pourrait-on pas envisager un multilatéralisme entre catégories d’âge, de genre ou de principes, indépendamment des nationalités de chacun ?

Noa Rakotoarijaonina : C’est ce que nous avons tenté avec notre Assemblée Mondiale pour la Jeunesse à laquelle ont participé 185 représentants de moins de 30 ans sans défendre le moindre intérêt national. Ils étaient les porte-paroles de la jeunesse de toute la planète. Pour notre première édition, nous avions choisi le thème de l’environnement. Durant 3 jours, ces jeunes ont débattu avec des professionnels de la biodiversité et des activistes pour imaginer des solutions innovantes. Nous comptons bien réitérer chaque année cette assemblée qui traitera d’autres problématiques sociétales. Il s’agit donc du premier pas dans le cadre d’un projet de plus grande envergure afin d’améliorer le système multilatéral.

Cérémonie d’ouverture de la Première Assemblée Mondiale de la Jeunesse à l’ONU Genève, le 20 avril 2022

Quel conseil donneriez-vous à un autre jeune qui souhaite se rendre utile ?

Eva Luvisotto : Il ne faut pas attendre pour s’engager. Il faut commencer par déterminer quelle est la zone d’action la plus pertinente, en ciblant un thème ou une région géographique dans laquelle on pourrait faire la différence. Il est clair qu’au début rien ne sera parfait. Il faut donc se préparer à des déceptions : tout le monde est, à un moment ou un autre, confronté à des difficultés qui ralentissent l’obtention de résultats concrets. Mais les premiers pas sont essentiels pour avoir un impact.

Jérôme Lanci : Utiliser sa voix. Les jeunes peuvent être au service du multilatéralisme, en particulier dans un contexte de discriminations et d’inégalités croissantes à travers le monde. Nous pouvons tous coopérer en faveur d’un plus grand bien commun, sur des sujets politiques, sociaux ou encore écologiques.

* Aurore Bourdin est stagiaire au Service de l'information des Nations Unies à Genève.
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