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Dites adieu au système commun
31 Aug 2020

Le 30 juillet 2020, le système commun des Nations Unies est mort… mais il n’est pas enterré.

Dans tout ordre sociétal fonctionnel, le système de justice est censé être le garant de la justice et de l’équité. C’est avec cette conviction que les fonctionnaires de l’Office des Nations Unies à Genève ont contesté, devant le Tribunal administratif du contentieux des Nations Unies (TACNU), la décision illégale prise en 2016 par la Commission de la fonction publique internationale (CFPI) et qui a entraîné une baisse de salaire de 5.2% pour les fonctionnaires de la catégorie professionnelle et au-delà. Toutefois, cette conviction s’est vue complètement ébranlée lorsque le 30 juillet le verdict est tombé : le TACNU déclare les coupes légales et en se faisant va à l’encontre du jugement du Tribunal de l’Organisation internationale du travail qui a déclaré en juillet 2019 les coupes illégales et rétabli les salaires des fonctionnaires des institutions spécialisées.

La question que l’on est en droit de se poser est quelles sont les conséquences immédiates de ce jugement ?

Le jugement du TACNU perpétue la situation actuelle qui prévaut depuis plus d’un an, où les fonctionnaires de l’ONUG reçoivent un salaire inférieur à ceux de leurs pairs travaillant dans les institutions spécialisées, en violation flagrante du principe sacro-saint du « salaire égal à travail égal » que l’ONU se targue de prêcher au monde entier. Il est étonnant de voir le donneur de leçon qu’est l’ONU faire le contraire de ce qu’il prône. C’est d’ailleurs ce même donneur de leçon qui a vu son auguste Assemblée adopter la résolution 74/142 déclarant le 19 septembre journée internationale de l’égalité salariale. Nul ne peut contester que le paroxysme de l’hypocrisie soit atteint, puisque l’ONU refuse d’appliquer ce principe à son propre personnel.

Une autre conséquence de ce jugement est la mort du système commun. En effet, le système commun fut établi entre l’ONU et ses institutions spécialisées pour fixer des conditions de service et des salaires uniformes dans le but d’éviter la concurrence entre les fonctionnaires des organisations internationales. Avec désormais deux indemnités de postes différentes pour Genève, on sonne le glas du système commun. Le pire dans tout cela est lorsqu’un décès survient, le minimum que l’on puisse faire est d’organiser des funérailles afin de pouvoir faire le deuil. Or, aucune célébration funéraire n’eut lieu. Pourquoi ? Probablement parce que tant l’ONU que la CFPI préfèrent adopter la politique de l’autruche et se dérober de leur responsabilité.

Il est vrai que le système commun est mort mais qui a dit que les fonctionnaires de l’ONUG ne sont pas déterminés à le sauver ? Et c’est pour le sauver, qu’unis nous devons continuer à réclamer ce que notre employeur nous doit.

* Prisca Chaoui is the Editor-in-chief of UN Today.
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