À première vue, on pourrait se dire que les quelque 10 000 personnes qui se retrouvent chaque année en juillet dans le parc de la Tête d’or à Lyon sont de doux rêveurs.
Imaginés lors du Sommet mondial sur le développement durable organisé par l’ONU en 2002 à Johannesburg (Afrique du sud), les Dialogues en humanité se fondent sur un constat : bien que les humains soient responsables de la plupart des crises qui secouent nos sociétés, aucun événement international ne traite la question de l’humain sur le plan politique. D’où l’idée d’instaurer un cadre qui permette de mettre les intelligences en commun pour élaborer des réponses novatrices. Il s’agissait aussi de faciliter les échanges entre des personnes engagées dans la transformation de la société afin qu’elles y puisent de nouvelles forces.
Pensez-donc cette foule bigarrée et joyeuse ambitionne de changer le monde afin qu’il soit plus équitable, respectueux de la nature et créatif. Un monde dont le moteur ne serait plus une compétition délétère aux plans tant mondial qu’individuel mais la nécessité de prendre soin les uns des autres. Une belle utopie ! Pas sûr.
Car à y regarder de plus près, ce festival citoyen est un véritable laboratoire où s’élabore mine de rien une autre façon de se relier et de faire société quelles que soient son origine, sa confession ou son statut social.
Premier axe : tabler sur l’intelligence collective pour concevoir des solutions innovantes et permettre à chacun de grandir en humanité. Autre pierre angulaire, l’idée que toute transformation collective passe par une transformation individuelle. Pour changer son regard sur la politique et apprendre à mieux vivre ensemble, il faut agir sur les comportements individuels et collectifs.
A travers des agoras, des ateliers, dits du sensible, des découvertes des cuisines du monde, des spectacles et des performances, parents, danseurs, ouvriers, enfants, curieux, artisans, chercheurs, philosophes, militants, écrivains, étudiants, comédiens, chefs d’entreprises, élus, poètes, se rencontrent, échangent, chantent, dansent, multiplient les expériences tant intellectuelles que sensorielles. Des vies se croisent et s’enrichissent mutuellement, des projets se fructifient, des initiatives voient le jour.
Chacun peut s’exprimer à partir de son vécu et construire son avis à partir d’une multiplicité de points de vue. Il n’y a pas d’un côté des « sachants » et de l’autre des « ignorants ». Tout le monde est sur un pied d’égalité. Des personnalités de stature nationale, voire mondiale, peuvent échanger et partager des expériences avec des personnes tombées dans la précarité. Ce qui permet de mutualiser les savoirs.
Cette école à ciel ouvert, qui se réinvente chaque année à Lyon et dans une centaine de villes à travers le monde, du Brésil à l’Inde en passant par le Bénin et l’Allemagne, n’est pas une succession de colloques. Elle s’apparente plutôt à la pratique ancestrale de l’arbre à palabre utilisée en Afrique pour échanger, régler les conflits sans léser personne et préserver le lien social.
En raison des restrictions imposées par le Coronavirus, l’édition 2020 des Dialogues en humanité sera numérique
Au programme
Des agoras, par exemple sur les nouvelles formes d’engagement de la jeunesse ou sur les transitions à opérer pour une économie plus humaine et respectueuse de la planète. Des ateliers, des contes, des concerts, des films, des performances, des présentations de livres.
https://dialoguesenhumanite.org/
Comme il ne suffit pas de savoir lire et écrire pour être en mesure de décrypter le monde et faire preuve de discernement, les très nombreuses activités proposées par cette école de la démocratie permettent d’aiguiser son sens critique et développer sa créativité.
Engager une telle transformation implique de pratiquer « l’écoute bienveillante » A l’heure où les conflits se multiplient, où les antagonismes se renforcent, ou s’érigent de multiples barrières identitaires, il est plus que jamais nécessaire de sortir des débats, qui sont souvent des combats, et d’apprendre à dialoguer. Ce qui passe par le respect de quelques principes : simplicité, liberté de propos, écoute bienveillante, respect et égalité de tous devant la question humaine.
Contact : Geneviève Ancel coordinatrice Dialogues en humanité
gancel@grandlyon.com tél +33(0)4 26 99 38 72 ou +33 6 89 74 46 86