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Nigeria. ©WSSCC/RUSHPIN

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Commencer par l’assainissement et l’hygiène pour tous – Assurer l’équité en santé publique
1 Sep 2020

Ce qui était autrefois impensable est maintenant devenu une réalité. Une maladie inconnue s’est propagée partout dans le monde avec une rapidité effarante, alors que la communauté mondiale n’était pas préparée, et de loin.

Il y a eu des pandémies dans le passé : le syndrome respiratoire aigu sévère en 2003, le H1N1 en 2009, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient en 2012, Zika en 2016 et, peut-être, la plus terrifiante de toutes, le virus Ebola en 2014, qui a fait les titres de la presse internationale et a profondément touché à travers les récits des premiers intervenants. Dans chaque cas, l’assainissement et l’hygiène, ou leur manque, ont joué un rôle déterminant dans l’évolution de la situation. Et lors de chacune de ces épidémies, ce sont les communautés les plus pauvres et les plus vulnérables qui en ont subi le plus fort impact.

Chacune de ces maladies a causé des souffrances incommensurables à ceux qui en ont été affectés et a tué des milliers de personnes, avant d’être maîtrisée. Contrairement au COVID-19, les épidémies n’ont pas eu d’impact économique à l’échelle mondiale ou nécessité des modifications dans les comportements partout dans le monde. Dès que la situation d’urgence a disparu, les communautés se sont adaptées et le monde a poursuivi sa marche. Cette fois-ci, la pandémie est différente de par sa cadence et sa portée : elle a déjà une incidence économique au niveau mondial et un impact profond sur les sociétés. Nous sommes tous embarqués sur le même bateau, bien que certains s’en tireront certainement mieux que d’autres.

Madagascar ©WSSCC/Hoby Randrianimanana

La santé pour tous

Les personnes les plus exposées en raison d’un assainissement et d’une hygiène inadéquate sont les populations déjà vulnérables : celles qui vivent dans des pays à faible revenu, dans des régions rurales éloignées, dans des bidonvilles surpeuplés, dans des environnements déjà perturbés par le changement climatique, et dans les camps de réfugiés. Parmi elles se trouvent les femmes et les filles, les personnes âgées, les personnes vivant avec un handicap, les travailleurs des hôpitaux, les préposés à l’assainissement et les agents de première ligne.

Parvenir à l’équité en santé – permettant à tous d’atteindre un niveau de santé élevé – dépend de la possibilité pour les familles de prendre des mesures, soutenues en cela par des services de santé publique abordables et faciles d’accès. Pourtant, bien malheureusement, pour des milliards de personnes vivant dans la pauvreté, ces services sont hors de portée.

Par conséquent, une santé publique équitable doit aller de pair avec la réduction de la pauvreté, une gestion solide et une redevabilité.

À mesure que l’aide d’urgence gouvernementale et internationale destinée à prévenir le coronavirus arrive en Afrique, en Inde et en Asie, les fonds injectés doivent ultimement jeter les bases d’une santé publique bénéficiant à tous, et non pas seulement à quelques-uns. « Le grand nombre de promesses et de dons doit se traduire par un engagement à surmonter les problèmes systémiques qui empêchent l’avènement de la santé pour tous, notamment à travers la création de systèmes de santé sécurisés et durables et l’accès à un assainissement et à une hygiène sûrs ».

Crise de l’assainissement et de l’hygiène

À eux seuls, les chiffres rappellent l’urgence de la situation. Au niveau planétaire, plus de 4 milliards de personnes n’ont pas accès à des services d’assainissement gérés de façon sûre et 3 milliards de personnes ne bénéficient pas d’un accès à des installations de lavage des mains élémentaires. Un rapport de 2019 de l’Organisation mondiale de la santé et de l’UNICEF montre qu’une école sur trois et qu’un établissement de soins de santé sur cinq ne disposent même pas de services d’assainissement et d’hygiène de base – affectant ainsi directement plus de 1,5 milliard de personnes – alors que 43 % des établissements de soins de santé ne disposent pas d’installations pour garantir l’hygiène des mains sur les sites de soins.

Kenya ©WSSCC/Jason Florio

À la cadence actuelle des investissements, l’Objectif de développement durable 6.2 portant sur l’assainissement géré de façon sûre ne sera atteint qu’au cours du 22e siècle. Cela est inacceptable, surtout lorsqu’on tient compte de la pandémie actuelle. Si nous voulons assurer une sécurité sanitaire mondiale et nous préparer pour affronter la prochaine pandémie, nous devons nous pencher sur un changement des systèmes à long terme et axer notre action sur l’assainissement et l’hygiène.

Passer des interventions d’urgence aux solutions à long terme

C’est pourquoi nous demandons l’adoption d’une perspective à long terme tenant également compte des capacités d’absorption aux niveaux national et local, des besoins de coordination, de planification fondée sur l’équité, de budgétisation et de redevabilité. Ce devrait être une perspective qui permet de faire passer les engagements vers des investissements dans l’assainissement et l’hygiène et qui va finalement au-delà des discours selon lesquels l’assainissement et l’hygiène sont un droit humain fondamental à des actions concrètes.

Le Conseil de concertation pour l’approvisionnement en eau et l’assainissement investit dans l’assainissement et l’hygiène depuis 30 ans, fournissant des subventions et collaborant étroitement avec les communautés locales pour soutenir des solutions efficaces et novatrices. Aujourd’hui, nous reconnaissons la nécessité d’une approche globale, une approche transformatrice et une approche à long terme.

WSSCC est en train d’évoluer et de devenir un Fonds pour l’assainissement et l’hygiène. En collaboration avec nos donateurs et d’autres partenaires, nous nous efforçons de combler un vide dans la réponse internationale à l’assainissement, l’hygiène et la santé menstruelle. Notre but est de fournir aux pays les moyens nécessaires pour atteindre une situation d’assainissement et d’hygiène satisfaisante pour tous.

Le fonds fournira des subventions aux pays à faible revenu pour le financement de solutions d’assainissement et d’hygiène au niveau communautaire. Ces fonds catalytiques – principalement destinés aux pays d’Afrique et d’Asie – viendront s’ajouter aux financements nationaux, et ils soutiendront spécifiquement les efforts déployés aux niveaux national et local.

* Elhadj As Sy is the chair of the Kofi Annan Foundation, Hind Khatib-Othman is chair of the Water Supply and Sanitation Collaborative Council.
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