Face à la crise écologique, économique, morale et spirituelle que traverse l’humanité, Rama Mani et Alexander Schieffer font un constat lucide : les décisions politiques ne suffisent pas. Il est urgent de reconsidérer notre manière d’habiter la planète et de cesser de penser en termes de ressources à exploiter ou de territoires à défendre. « Nous devons prendre soin les uns des autres et de la nature dont nous faisons partie », dit Rama. « La Terre est notre maison commune et nous devons en devenir les gardiens », dit Alexander. 

Ça commence dans chaque foyer et chaque organisation. De cette idée simple mais radicale est né le mouvement Home for Humanity qui relie des personnes et des institutions agissant pour le bien-être local et planétaire.

Après avoir fait de leur maison en France une université de la transformation où sont passées plus d’un millier de personnes, ce couple de penseurs et de bâtisseurs d’avenir a entrepris depuis avril 2024 un voyage de 7 ans qui les mènera dans les 194 pays du monde. Leur périple, intitulé One Home Journey, en référence au fait que la Terre est la demeure de toute la famille humaine, n’est pas qu’un itinéraire : c’est une traversée des consciences doublée d’une mise en valeur de bonnes pratiques.

À chaque étape, ils vont à la rencontre des composantes de la société qui inventent des réponses courageuses, solidaires et holistiques aux crises : sages autochtones, paysans, artistes engagés, femmes se relevant de l’oppression, jeunes marginalisés, enfants qu’ils invitent à peindre leurs rêves. Ensemble, ils animent des cercles de dialogue et des ateliers porteurs de changement, échangent des expériences et recueillent des récits d’espérance d’enfants des bidonvilles, de jeunes réinventant l’éducation ou l’agriculture, de femmes résilientes, de réfugiés retrouvant leur dignité.

Partout, le couple sublime ces échanges en spectacles vivants qui mêlent poésie, théâtre, musique et témoignages afin de transmettre la créativité et les richesses culturelles de l’humanité. À chaque performance, les blessures du monde deviennent matière à guérison.

Ces récits comme les nombreuses initiatives locales qui expérimentent d’autres façons d’être en harmonie entre humains et avec la Terre nourrissent leurs conférences, leurs ateliers et leurs publications. En utilisant les nouveaux modes de communication, ils braquent les projecteurs sur ces initiatives et contribuent à les faire grandir. Ils repèrent les bonnes pratiques afin de faire des émules. Les apports de chaque communauté sont répertoriés de sorte à constituer un curriculum pour ceux qui souhaitent comprendre quoi faire et comment.

Au terme de la première année, les résultats sont impressionnants :

• 20 pays visités sur les 5 continents : Égypte, Bhoutan, Zimbabwe, Afrique du Sud, Lesotho, Tanzanie, Ouganda, Kenya, Sri Lanka, Népal, Inde, Nouvelle Zélande, Australie, Japon, Mexique, Etats-Unis, Brésil, Maroc, Turquie, France.

• 11 000 personnes rencontrées.

• 1 000 enfants invités à peindre leurs rêves pour l’avenir de la Terre.

• 1 500 jeunes et femmes de milieux marginalisés, accompagnés pour devenir des bâtisseurs d’avenir.

• 40 organisations locales soutenues et récompensées par le prix Home for Humanity.

• 26 Jardins de l’Unité créés dans 19 pays, symboles de paix et d’harmonie entre cultures et la nature.

Le réseau Home for Humanity s’étend désormais à plus de 50 pays : camp de réfugiés en Ouganda, ferme au Brésil, coopérative féminine au Népal, etc… Chaque Home est unique mais tous partagent les mêmes valeurs et pratiques : éducation au service du vivant, économie solidaire, gouvernance participative. Ensemble, ces initiatives esquissent les contours d’une civilisation du prendre soin.

Ces réussites montrent que chacun peut contribuer à mettre en œuvre les Objectifs de développement durable adoptés à l’ONU en 2015, tout en renouant avec les sagesses culturelles et les traditions anciennes. Là où la modernité a fragmenté les appartenances, leur projet retisse un sentiment d’unité. Leur itinérance devient ainsi un laboratoire vivant de la transformation.

Partout, ils insistent sur le lien entre l’intime et le collectif. « La régénération de la planète commence par celle de l’âme humaine, dit Rama. Si nous guérissons notre manière de penser et d’aimer, nous guérirons aussi nos institutions et nos écosystèmes. » Et Alexander conclut : 

« Chacun peut devenir créateur et gardien de cette maison commune. Chaque pas, chaque geste compte. Quand une maison devient un lieu d’harmonie, c’est toute la Terre qui respire mieux. » 

DEUX VISAGES, UNE VISION

Rama Mani, d’origine indienne, docteure en sciences politiques, Université de Cambridge, elle a travaillé pour la paix, la justice et la sécurité en Afrique et en Asie, conseillé l’ONU et d’autres organisations sur la reconstruction post-conflit et fondé Theatre of Transformation Academy. Pour elle, l’art est un acte politique, et l’imagination notre première ressource de résistance.

D’origine allemande, Alexander Schieffer est professeur d’université, écrivain, poète et entrepreneur social. Il a cofondé Trans4m, une communauté d’innovation sociétale qui relie universités et acteurs de terrain dans une approche “intégrale” du développement. Pour lui, « la transformation commence quand la connaissance quitte les salles de classe pour rejoindre la vie ».

Co-fondateurs de Home for Humanity, ils ont reçu aux Philippines en novembre 2025, l’équivalent asiatique du Prix Nobel, Le Prix Gusi de la Paix Internationale en récompense de leurs actions en faveur d’une paix interculturelle et planétaire.


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